Les Harkis
Histoire de Harkis
QUAND LA GRANDE HISTOIRE REJOINT NOTRE HISTOIRE LOCALE ET CONTRIBUE AU DEVOIR DE MEMOIRE
À la fin de la guerre d'Algérie, 4945 harkis et leurs familles sont logés sous des tentes de l'armée au camp militaire de Bourg-Lastic. Au 3 juillet 1962, il y avait 4945 rapatriés dans le camp dont 1844 hommes, 1513 femmes et 1588 enfants. Pour les accueillir 500 tentes neuves avaient été installées par village de 50 tentes. Elles couvraient une superficie de 25 à 30 hectares. Pour gérer cet immense village de toiles, des officiers, sous-officiers et soldats du 92e R.I. de Clermont-Ferrand étaient détachés. Les conditions de vie étaient difficiles, une population déracinée marquée par la précarité et l’insécurité. Le personnel médical était dépassé par l’ampleur des problèmes et l’aide insuffisante de bénévoles. Il était alors enregistré une forte mortalité infantile dont onze enfants seront décédés sur notre commune.
Un petit cimetière dans les bois sur la commune de Briffons accueille les tombes de onze très jeunes enfants de harkis morts sur place.
A cet endroit, un panneau nous informe :
« Durant l’été 1962, face à l’exode des harkis qui n’avait pas été anticipé par les autorités, un camp de toile est installé à la hâte dans la clairière avoisinante à quelques mètres de ce cimetière où onze enfants sont enterrés.
Dans ce camp de fortune, des enfants sont décédés après leur naissance ; âgés de quelques semaines à quelques mois, les circonstances exactes de leur décès demeurent encore inconnues à ce jour. Les causes peuvent certainement être liées aux conditions d’hygiène, au climat et au choc du déracinement. Face à l’urgence, les parents de ces enfants demandent alors au responsable du camp qu’ils soient enterrés en ce lieu. Onze d’entre eux y reposent. Le décès de cinq autres enfants est déclaré à l’Hôtel-Dieu de Clermont-Ferrand perdant alors la trace de leur inhumation.
Au début des années 2000, l’association AJIR (Association Justice Information Réparation) pour les Harkis-Auvergne découvre l’existence de ce lieu d’inhumation. Elle décide de tout mettre en œuvre pour le faire reconnaître. Toutefois, ce lieu de mémoire et de recueillement trop longtemps oublié, est entretenu depuis 1962 par un détachement du 92e R.I. Des militaires et des civils ont pris soin de ce cimetière, sans ordres, par honneur et fidélité.
Maintenir ce cimetière en l’état constitue une page de mémoire pour tous les enfants de France. Il sera aussi, demain pour les enfants de harkis, la trace douloureuse des souffrances de leurs parents, l’abandon, les massacres et la relégation dans les camps. Le 25 septembre 2004, l’association AJIR pour les harkis-Auvergne inaugure une stèle réalisée par ses adhérents et érigée au milieu du cimetière. Débutent alors les démarches auprès des autorités locales, civiles et militaires afin de faire reconnaître officiellement ce site pour qu’il demeure à jamais un lieu de mémoire.
Le 25 septembre 2005, une première convention est signée entre le 92e R.I. de Clermont-Ferrand et l’association AJIR pour les Harkis-Auvergne. En mars 2015, une A.O.T. (autorisation d’occupation temporaire) est délivrée par le Ministère de la Défense au profit de l’association AJIR pour les harkis-Auvergne. Ce document donne le droit d’accès à l’association au domaine militaire pour les cérémonies (juin et septembre de chaque année) et pour l’entretien des stèles. L’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre (ONACVG) apporte son soutien pour la valorisation de ce lieu de mémoire.
Se recueillir ici devant les tombes de ces enfants, victimes innocentes et collatérales des horreurs de la guerre, c’est aussi rendre hommage à la mémoire de toutes celles et tous ceux qui ont disparu à jamais de l’autre côté de la Méditerranée. Ce cimetière montre que ces enfants ne sont pas oubliés. Ils font à jamais partie de notre histoire qui constitue elle-même une page de l’histoire de France. »
En 2021, reconnaissant « un abandon de la République française », Emmanuel Macron a présenté ses excuses à ces supplétifs engagés au côté de l’armée pendant la guerre d’Algérie et a annoncé un projet de loi de reconnaissance et de réparations.
L’état civil de la commune de Briffons a aussi enregistré 65 naissances pour cette période.